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Photo du rédacteurMarie-Ève Touzin

La Communication non-violente avec mon proche atteint

La communication est une composante essentielle de toute relation saine. Mais si la majorité des gens ont la capacité de discuter avec le monde qui les entoure, ce n’est cependant pas tout le monde qui maîtrise l’art de bien communiquer en situation de conflit ou de désaccord. La façon dont on choisit d’interagir avec l’autre dans ces situations est importante, et c’est peut-être même encore plus vrai lorsque la personne en face de nous a une problématique de santé mentale.


En effet, les problèmes de santé mentale peuvent avoir pour conséquences, entre autres, une perception altérée de la réalité, un ressenti exacerbé des émotions, ou encore une fatigue mentale pouvant mener à l’irritabilité et l’impatience. Quand on échange avec une personne vivant l’une ou plusieurs de ces difficultés, il est important – et souvent difficile, aussi – de ne pas se laisser entraîner dans le tourbillon, et d’essayer de rester une présence calme et stable. Pour cela, il peut être utile de prendre l’habitude d’adopter le procédé de la Communication non-violente.


En quoi consiste exactement cette méthode? Et comment l’utiliser avec votre proche atteint? C’est ce que nous allons explorer ici.


Qu’est-ce que c’est?


Élaborée par le psychologue Marshall Rosenberg, la Communication non-violente (ou CNV) est une méthode de communication basée sur l’authenticité et l’empathie, ayant pour but des interactions où les émotions et les besoins de chacun sont entendus et pris en considération. Au cœur de la pratique de la CNV, on retrouve 4 étapes distinctes, ainsi résumées : Observation, Sentiments, Besoins, Demande.


Observation : Tout d’abord, on nomme sans jugement et sans interprétation les faits qu’on a observés de manière concrète.

Sentiments : On exprime au « je » les émotions/sentiments que les choses observées nous font vivre ou nous ont fait vivre.

Besoins : On exprime le ou les besoins que nous ressentons par rapport à la situation.

Demande : On formule une demande concrète et réaliste.


Ces étapes peuvent s’appliquer à un nombre incalculable de situations, et peuvent aider à établir un dialogue plus transparent et pacifique avec l’autre. Cela dit, interagir avec une personne atteinte de maladie mentale comporte souvent plus d’enjeux et peut rendre les interactions plus difficiles, même quand on essaie de bien faire.


Les limites de la Communication non-violente


Alors, comment appliquer la CNV avec notre proche vivant une problématique de santé mentale? Tout d’abord, il est important de préciser que, si l’on se sent menacé, si l’on sent que notre sécurité ou celle de notre proche est compromise, il vaut mieux contacter les services d’urgence. Une personne en état de crise (risques pour elle-même ou pour autrui), ou encore ne reconnaissant pas adéquatement la réalité (épisodes de psychose ou de délire), requiert une prise en charge adaptée à son état particulier.


Il importe également de rappeler que toute interaction sera plus compliquée si notre interlocuteur n’est pas de bonne foi et ouvert lui aussi à résoudre la situation – et cela, qu’il soit atteint de maladie mentale ou non. Pour des résultats optimaux avec la Communication non-violente, il faut au moins que l’autre ait une certaine ouverture envers nous et envers ce qu’on lui communique.


Enfin, si on voit que la personne en face de nous est dans un état émotif trop intense, où ses propres émotions négatives et ses propres besoins prennent trop de place en elle, elle aura du mal à avoir l’espace nécessaire à l’intérieur d’elle-même pour écouter et accueillir les émotions et les besoins de quelqu’un d’autre. Ces états peuvent être seulement passagers, et parfois un peu plus figés dans le temps.


Comment l’appliquer avec mon proche atteint?


Cela étant dit, même si ce n’est pas toujours adapté à certains cas, il est tout de même possible d’utiliser l’approche de la Communication non-violente pour aborder différents enjeux et situations avec un proche atteint. Il importe simplement de se rappeler que l’autre ne percevra ou ne ressentira pas nécessairement les choses de la même manière que nous. Le mieux qu’on puisse faire alors est d’exprimer notre propre vécu de la situation de la manière la plus authentique possible, et faire comprendre à l’autre notre empathie envers la manière dont lui-même vit la situation. Voici donc plus en détails les 4 étapes de la Communication non-violente :


Observation : Dans l’observation des faits, on nomme ce qu’on constate de manière concrète, sans faire d’interprétation. On peut par exemple dire à notre proche : « J’ai remarqué que tu n’étais pas sorti dehors depuis une semaine », ou « Je t’ai entendu claquer la porte en partant tout à l’heure ». Il peut être utile d’utiliser ce genre de phrase où on reflète à l’autre ses propres gestes, plutôt que de lui dire par exemple : « T’es ben de mauvaise humeur! », que plusieurs pourraient ressentir comme un reproche ou comme une attaque. Une description neutre des faits permet de définir de manière plus claire et plus tangible les aspects de la situation sur lesquels on souhaite s’exprimer.


Avec certaines pathologies, la perception des personnes atteintes peut se retrouver altérée, certains pouvant même parfois avoir des hallucinations (par exemple, dans les troubles psychotiques comme la schizophrénie). Les personnes souffrant de troubles anxieux ou de dépression peuvent également vivre des distorsions cognitives, qui sont des schémas de pensées exagérés ou erronés, et qui leur font voir certaines situations de manière souvent plus négatives ou menaçantes qu'elles ne le sont en réalité. Si on pense au trouble de personnalité limite (TPL), les personnes qui en sont atteintes, de leur côté, percevront plus facilement les choses comme des attaques personnelles, que ce soit une tournure de phrase particulière, un regard ou un geste que l’interlocuteur aura posé sans réfléchir.


Dans tous ces cas, l’observation des faits peut parfois alors devenir ambiguë, la perception de vous et de votre proche n’étant par moments pas la même. Bien qu’on ne soit pas toujours témoin de la même réalité que la personne atteinte dans ce genre de situations, il n’est pas souhaitable de débattre avec elle des perceptions qu’elle a et de vouloir absolument lui imposer notre vision en discréditant la sienne. Évidemment, on ne veut pas encourager ses perceptions erronées, mais on peut simplement lui dire qu’on la croit qu'elle perçoit vraiment les choses ainsi, même si ce n'est pas notre cas à nous, ou même si ce n'est pas ainsi qu'on voulait qu'elle perçoive ce qu'on lui a dit, par exemple. Bref, la personne atteinte se sentira entendue, et risque moins de ressentir le besoin de prouver à tout prix la validité de ses perceptions – et de notre côté, on aura tout de même été clair sur notre propre vision des choses. Chacun sera ainsi considéré dans ses propres observations.


D'ailleurs, quand on veut reprendre une situation avec une personne ayant tendance à voir certaines choses de manière erronée, il est important de séparer l'observation de son interprétation automatique; en effet, dans la vie de tous les jours, de nombreuses situations peuvent être interprétées de plusieurs manières différentes, mais c’est une ligne de pensée qui peut être plus difficile à avoir pour les personnes souffrant de troubles de santé mentale. Lorsque nous sommes témoin de quelque chose, nous avons souvent tendance à l'analyser et l'interpréter. C'est aussi vrai pour les personnes aux prises avec des problématiques de santé mentale. Cependant, leur perception est souvent plus rigide, plus figée vers une seule interprétation en particulier. La maladie amenant souvent des émotions plus négatives, intenses et instables, cela se reflétera ainsi dans l'interprétation personnelle que votre proche se fera de la situation.


C'est pourquoi, dans l'étape de l'observation, il est important de rapporter les faits sans jugement, de séparer ce dont on a été témoin de toute analyse, et de simplement dire ce qu'on a observé concrètement. Un rapport neutre et calme des événements sera une base plus tangible, où il y a plus de chances que votre proche et vous soyez d'accord. À partir de là, il sera plus simple pour vous deux d'identifier et de comprendre de manière claire ce qui a fait réagir votre proche ou bien vous-même.


Sentiments :


Peu importe la situation, toute émotion a le droit d’exister – que ce soit la tristesse, la peur, la colère, etc. – celles des autres ainsi que les vôtres. Bien souvent, c’est la manière dont ces émotions sont exprimées qui peut devenir problématique (dans les situations de violence physique ou verbale, par exemple), ou qui n’est simplement pas toujours adaptée.


D’emblée, plusieurs personnes souffrant de troubles de santé mentale auront une relation difficile avec leurs émotions : certains vivront des colères intenses et envahissantes, des tristesses accablantes, du découragement lourd et fatigant. L’instabilité émotionnelle est malheureusement fréquente chez les personnes atteintes, et réussir à fonctionner malgré ces sentiments souffrants leur prend parfois beaucoup d’énergie. Cependant, cela peut également être épuisant pour l’entourage; il est donc important d’exprimer à l’autre comment on se sent quand c’est trop pour nous.


Plusieurs personnes atteintes de maladie mentale auront plus souvent tendance à prendre les choses de manière personnelle, même dans les situations où leur interlocuteur ne cherchait pas nécessairement à leur faire de reproche : que ce soit du fait de leurs distorsions cognitives ou de leur vulnérabilité émotionnelle, certains se sentiront facilement accusés, attaqués, ou simplement blessés, et il devient alors stressant et difficile pour l’entourage de leur faire certaines remarques, par crainte de leur réaction. Même si on ne peut pas vraiment contrôler de quelle manière l’autre recevra nos propres émotions, l’utilisation de la Communication non-violente augmentera probablement les chances que celles-ci soient perçues de manière moins menaçante.


La clé ici est de nommer nos émotions au « je » : « Je me sens inquiet / frustré / triste quand telle chose arrive »… Pour l’autre, le fait d’entendre comment vous vous sentez ne sera pas nécessairement facile, peu importe la manière dont vous l’amenez, et il se peut qu’il ait tout de même une réaction émotive en recevant vos mots. Par contre, le fait de focuser votre formulation sur la manière dont vous vous sentez plutôt que sur les choses que vous avez à lui reprocher amènera un autre type d’énergie à vos mots; en misant sur le partage de votre ressenti (au « je ») plutôt que sur le reproche (au « tu »), il y a plus de chances que votre proche soit réceptif à ce que vous lui dites.


L’expression des émotions étant importante pour chacun, on peut également encourager l’autre à partager les siennes, et ainsi établir un dialogue plus authentique et plus empathique sur comment chacun vit la situation (ce qui, idéalement, est ce que l'on souhaiterait pouvoir atteindre). Peut-être que la personne en face de nous n'a pas l'habitude d'identifier ou de parler de ses émotions, et qu'elle sera portée à critiquer au lieu de dire comment elle se sent. Il est possible de l'aider en lui posant des questions : « Est-ce que tu te sens frustré par rapport à ça? Déçu? Stressé? ». Peu importe l'émotion que votre proche vous partage, même si parfois ce n'est pas ce que vous-même auriez ressenti dans la même situation, vous pouvez accueillir ce que l'autre vous confie en lui disant qu'il ou elle a le droit de se sentir ainsi, et normaliser le fait que chaque personne vit les choses à sa propre manière.


Si toutefois vous exprimez votre ressenti et que la personne en face de vous se sent tout de même attaquée, précisez simplement que vous cherchez à partager et à faire comprendre ce que vous ressentez, et non à l'attaquer et la blesser. Dans certains cas, cela aidera à clarifier vos intentions à l'autre, et dans d'autres cas, celui-ci restera tout de même fermé ou sur la défensive, peu importe comment vous amenez vos sentiments; lorsqu'on a réellement fait les choses avec bienveillance et que l'autre y réagit toujours négativement, on peut envisager de prendre un certain recul face à la situation, même si ce n'est que de façon temporaire, puisqu'on ne peut pas contrôler le fait que notre proche ne soit pas réceptif à nous pour l'instant, et trop insister en vain risquerait simplement de nous épuiser mentalement.


Besoins :


Chaque personne a des besoins, et dans les situations de conflit, il arrive fréquemment que l’une ou l’autre des parties sente que ses besoins ne sont pas entendus ou respectés : c’est souvent un des aspects qui alimente les différends et qui les empêche de se résoudre.


Pour qu’une situation se règle de manière optimale, il est essentiel de comprendre quels sont les besoins de chacun. Si on évite de prendre en considération les besoins d’une des personnes impliquées, cela résultera en un conflit qui, peut-être, se terminera, mais qui laissera un goût amer à cette personne. Le désaccord sera « réglé » de manière visible, mais il continuera de l’impacter de l’intérieur. C’est pourquoi il est si important de savoir identifier et nommer nos propres besoins, et d’encourager l’autre à faire de même avec les siens - afin d'éviter à chacun de rester avec du ressentiment et des insatisfactions par rapport à la situation.


Les membres de l’entourage qui vivent avec une personne atteinte de maladie mentale ont souvent plusieurs besoins en commun : besoin de comprendre ce qui arrive avec leur proche, de savoir quoi dire et quoi faire, de se sentir eux-mêmes compris dans les enjeux qu’ils vivent, de savoir s’ils font les choses de la bonne manière avec leur proche; besoin aussi de maintenir un équilibre, de reprendre leur souffle, de se reposer, de se sentir accompagnés et supportés, de se sentir en sécurité. À cette étape de la Communication non-violente, on pourra dire à notre proche, par exemple : « J'ai besoin de comprendre ce qui se passe », « J'ai besoin de me sentir entendu(e) », « J'ai besoin de prendre un moment juste pour moi pour pouvoir recharger mes batteries ». On formulera au « je » ce dont on a besoin par rapport à la situation.


Comme mentionné plus haut, chaque personne a des besoins, y compris vous, et également votre proche. Si vous et lui traversez ensemble une situation conflictuelle ou déplaisante, il est probable que lui aussi ait des besoins qui voudraient être compris. Il est important que votre proche puisse comprendre que, bien que vous ayez vos propres besoins, cela n'invalide pas les siens. Ainsi, afin qu'il sache que ses besoins sont aussi importants que les nôtres, on pourra simplement essayer de lui demander : « Et toi, c’est quoi tes besoins là-dedans? ». Il se peut cependant que votre proche ait du mal à identifier ou à mettre des mots précis sur ce dont il aurait besoin pour se sentir mieux par rapport à la situation. Si c'est le cas, il pourra alors parfois être aidant de prendre les devants, et de l'aider en lui suggérant des choses qui, selon nous, feraient du sens pour lui.


Par exemple, si on pense aux personnes atteintes de maladie mentale, il se peut que leurs besoins ressemblent (entre autres) à ceci : besoin de se sentir écouté, compris, pris au sérieux, et validé dans ses émotions; besoin de se sentir supporté, rassuré, en sécurité, de comprendre ce qui lui arrive et à quoi il peut s’attendre; besoin d'autonomie, de pouvoir faire des choix pour lui-même, d'être respecté dans son ressenti et sa vision des choses; besoin également de se changer les idées par moments, et de se reposer. Des phrases comme : « Penses-tu que tu aurais besoin de te sentir davantage compris? De te sentir rassuré sur ce qui arrive? De prendre du temps pour te changer les idées? », montreront à votre proche que vous faites l'effort d'essayer de comprendre ce qu'il vit, et que vous êtes empathique à lui.


Il sera important aussi de faire comprendre à votre proche que, même si vous n’êtes peut-être pas d’accord avec lui sur certains points de la situation et sur la manière dont il agit, ses besoins sont tout de même entendus et pris en considération. Également, si on se rend compte qu’on n’est pas suffisamment outillé pour répondre adéquatement aux besoins de notre proche, on peut lui proposer de le référer vers quelqu’un d’autre, une personne qui arrivera mieux à l’aider que nous, en lui disant qu’on continue tout de même de se soucier de lui et qu’il est important pour nous.


Demande :


Pour qu’une situation évolue, une action concrète doit souvent être posée. Si on a ressenti le besoin d'aborder notre proche via le processus de la Communication non-violente, c'est probablement parce qu'on vivait certaines insatisfactions ou émotions négatives dans notre relation, et qu'on désirait les partager à l'autre afin que certaines choses puissent changer. Pour cela, une demande précise doit être énoncée.


La demande qu'on fait à notre proche doit être claire, concrète, avoir une formulation positive et, si on veut une bonne réponse de sa part, elle ne devrait pas non plus être trop compliquée à accomplir pour lui. On veut demander quelque chose de simple à comprendre, qui ne risque pas d'être interprété de plusieurs manières différentes. Vous pouvez d'ailleurs valider avec l'autre pour vous assurer qu'il ait bien compris quelles sont vos attentes, soit en lui demandant si c'est clair pour lui, ou bien en lui demandant de vous résumer ce qu'il a compris de ce que vous lui avez dit.


La demande qu'on fait doit également être réaliste; dépendant des capacités et de l’état (mental, émotionnel, physique, intellectuel) de la personne face à nous, il sera important de formuler des demandes qui prendront en compte ce que l'autre peut réellement accomplir. On peut encore une fois valider avec l’autre pour s’assurer que ce qu’on lui demande est adapté à ses capacités et son état du moment (état qui, pour les personnes atteintes, peut grandement fluctuer par moments), s'il pense être capable de réussir, et si ce ne pas le cas, on peut essayer de lui proposer ou de trouver avec lui d’autres solutions. On peut également lui demander s'il pense avoir besoin d'aide, que ce soit la nôtre ou celle d’une tierce personne.


Par exemple, si on est dans l’entourage d’une personne qui vit avec la dépression, il faut considérer le fait que cette maladie amène son lot de défis et de contraintes : la personne qui en est atteinte aura souvent moins d’énergie, moins de motivation, et se sentira plus facilement découragée et pessimiste. Ce qu'on voit comme un simple objectif, elle pourra le voir comme une montagne. Une personne anxieuse, elle aussi, verra parfois une chose que nous considérons plutôt banale comme étant particulièrement stressante et parfois même envahissante. Bref, si nous avons une demande à formuler, il faudra souvent, avec une personne ayant des problématiques de santé mentale, y aller par petites étapes, l'accompagner, la motiver et respecter son besoin de se reposer et de prendre des pauses lorsque c'est trop pour elle. Peu importe l'état ou la maladie de la personne - et cela se vaut dans nos interactions envers les personnes atteintes de maladie mentale ou non, en fait - il faut s'assurer que ce qu'on lui demande respecte ses limites personnelles. Si notre demande est trop anxiogène ou épuisante pour l'autre, ou que cela déclenche en lui de vives réponses émotives comme de la colère ou de la panique, il serait peut-être alors nécessaire de prendre un peu de recul et se demander si notre attente est adaptée à la personne en face de nous. Il se peut qu'elle le soit malgré tout, et il se peut aussi qu'elle soit à revoir.


Enfin, une fois notre demande formulée, on valide avec notre proche pour savoir si ces attentes lui conviennent, s'il est d'accord pour essayer de répondre positivement à ce qu’on lui propose. Il est important de s’assurer de sa collaboration par rapport à notre demande puisque, ultimement, c’est l’accomplissement d’une action ou d’un changement qui permettra de résoudre la situation qui nous préoccupe. On demande alors : « Est-ce que tu es d’accord pour […] ? », et on énonce une requête claire, le plus précis possible, à laquelle on demande l'accord de l'autre au présent. Par exemple : « Est-ce que tu es d’accord pour contacter un intervenant cette semaine / me répondre avec un ton plus calme quand on se parle / poser telle action quand tu sens que tu as une rechute ? ».


Si notre proche aimerait pouvoir accepter notre demande mais ne s'en sent pas capable, on peut modifier celle-ci, l'ajuster en proposant de commencer par de plus petites étapes, et, si c’est dans le domaine du possible et si c’est quelque chose qu’on souhaite faire, on peut également proposer à notre proche de lui donner un coup de main pour arriver au résultat attendu. Et si, en revanche, votre proche ne souhaite pas collaborer (ou ne s'en sent pas prêt) et refuse de répondre à vos attentes, il se peut que la situation ne se résolve alors pas comme vous le souhaiteriez, car vous n'avez malheureusement pas le contrôle sur son choix. Cependant, à travers tout cela, vous aurez quand même repris un certain pouvoir sur les choses en vous permettant d'exprimer à l'autre vos émotions, vos besoins et vos attentes.


Il est important que votre proche se sente également écouté et pris en considération : demandez-lui si, de son côté, il ou elle a des demandes par rapport à vous, des attentes particulières, des choses sur lesquelles il aimerait que vous l'aidiez. Il se peut que votre proche ait également de son côté certaines insatisfactions dans la situation que vous vivez, mais qu'il ait du mal à vous le formuler; encore une fois, posez-lui des questions, demandez-lui s'il y a certaines choses concrètes que vous pourriez faire, ou cesser de faire, qui l'aideraient à se sentir mieux.


Des conditions optimales


Comme cela a été mentionné plus haut, le processus de la Communication non-violente ne fonctionnera pas nécessairement dans chaque type de situation. Cependant, il est possible d’augmenter les chances que les résultats soient positifs, en choisissant les conditions dans lesquelles on tente d’aborder l’autre.


Tout d’abord, on essaie si possible de choisir un moment où on se sent assez calme, où la situation n’est pas trop intense émotivement, ni pour vous ni pour votre proche. Aborder la situation de manière trop impulsive risque de résulter en des paroles plus agressantes que réfléchies. Si vous êtes en plein conflit et que vous êtes trop pris dans l’émotion, il peut être préférable de vous retirer et de préciser à l'autre que vous allez revenir plus tard, pour pouvoir en discuter lorsque vous serez dans un meilleur état (spécifier à l'autre que vous allez revenir est important, puisque l'incertitude à savoir si vous reviendrez vers lui ou non peut être quelque chose d'anxiogène pour votre proche, en particulier s'il vit avec des problèmes d'anxiété ou s'il a une peur de l'abandon). Bref, il se peut qu'on doive simplement attendre que la poussière retombe un peu, avant de pouvoir se pencher de manière plus aidante et bienveillante sur la situation.


Essayez de réfléchir à ce que vous souhaitez communiquer à l'autre avant même d'aborder le sujet avec lui. Prenez un moment seul pour mettre de l'ordre dans vos idées et trouver les bons mots qui traduiront ce que vous ressentez, quels sont vos besoins, etc. Vous pouvez même vous préparer à l'avance une liste des points que vous souhaitez aborder, puis la mémoriser ou bien la lire au moment de votre interaction.


Une autre manière de procéder est d'écrire une lettre à notre proche. Cette méthode peut avoir plusieurs avantages : on a tout le temps qu'on veut pour bien réfléchir à ce qu'on veut dire en écrivant, on peut corriger ce qu'on a écrit autant de fois qu'on le désire, on peut se relire, avoir une vue d'ensemble de ce qu'on partage à l'autre, et se sentir peut-être ainsi plus confiant et en contrôle de ce qu'on exprime. Si on choisit d'écrire une lettre, on peut même en faire deux versions : une première qui sera un « premier jet » plus spontané, et qui nous servira principalement à nous défouler, à laisser sortir notre trop-plein d'émotion qui nous empêche de réfléchir calmement. Ce premier jet, on ne le donnera pas à l'autre; ce sera une lettre-exutoire pour notre colère et notre tristesse, qu'on gardera seulement pour nous-même, et qu'on pourra même ensuite déchirer ou jeter si on le désire - bref, simplement s'assurer que ça ne puisse pas tomber entre les mains de quelqu'un d'autre. Puis, une fois le trop-plein d'émotion sorti et l'esprit un peu apaisé, on commencera ensuite une seconde lettre, qu'on donnera cette fois-ci à notre proche, et qu'on basera sur les 4 étapes de la Communication non-violente (observation des faits, expression de nos émotions, expression de nos besoins, formulation d'une demande).


D'ailleurs, puisque les émotions et les besoins ressentis peuvent être nombreux et complexes, il peut être difficile parfois de mettre de l'ordre dans vos idées, et réussir à bien les identifier et les expliquer à votre proche - au Portail, nous pouvons vous aider à mieux comprendre ce qui se passe en vous quand vous vivez des situations difficiles, et à trouver les bons mots pour communiquer avec la personne qui vous est chère.


Enfin, pour aborder une situation délicate avec votre proche, choisissez un moment où ni vous ni lui n'êtes pressé et où vous ne risquez pas d'être dérangés, afin d'avoir le temps nécessaire pour discuter sans avoir de pression extérieure. Optez également pour un endroit calme, où vous et lui vous sentez à l'aise. Et, en discutant de la situation, on peut rassurer l'autre sur le fait que même si certaines choses sont plus difficiles ou vont moins bien pour le moment, on continue tout de même de l'aimer et on souhaite continuer de le soutenir dans la mesure de nos capacités.


En conclusion, bien communiquer n'est pas toujours aisé ou inné, mais c'est une capacité qui s'apprend et, à force de pratique, qui peut devenir de plus en plus naturelle. Puisqu'il faut être deux pour valser et qu'une relation garde le cap grâce à la bonne volonté que chacune des personnes y met, l'application de la Communication non-violente, bien que très pertinente, ne garantit pas toujours un succès à 100%. Cependant, en comparaison à d'autres types de discussions où l'authenticité et l'empathie ne sont pas mises de l'avant, la Communication non-violente augmente les chances qu'une situation se résolve de manière optimale, offre un modèle de communication saine et non-agressive, et nous permet de nommer à l'autre les choses qui sont importantes pour nous, tout en lui permettant de nous partager celles qui sont importantes pour lui - et cela, en soi, est déjà un pas de plus vers une relation équilibrée.




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